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Famille nombreuse et réussite sociale selon l'INSEE

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le 21 Février 2008

Billet original publié le 3 décembre 2007 sur le blog de Oelita, 7 sur le web

L'INSEE a publié en novembre sa version 2007 de "France, portrait social". Tout un chapître y est consacré au rôle entre taille de la famille et destinée sociale.

Vous pouvez consulter directement les 19 pages de ce chapitre au format PDF.

A priori, la conclusion de cette étude est qu'à partir de 4 enfants, l'ascension sociale est diminuée. C'est-à-dire que par exemple dans une famille d'ouvriers, on a une moyenne de 55% d'enfants devenus ouvriers à leur tour s'il y a 4 enfants et plus, contre 36% avec 2 enfants maximum. Cette ascension sociale semble directement liée aux niveaux de diplôme atteints, plus faibles dans une famille nombreuse, à origine égale.

Ces résultats ont été repris, entre autres, dans un article du Monde, ainsi que dans un dossier de la Voix du Nord (région concentrant le plus de familles nombreuses).

Sur le forum de Maximômes, les réactions ont forcément été assez vives. Clichés caricaturaux dépassés ou réalité sociale ? De toutes façons, ce ne sont que des statistiques, des moyennes...

Comme raisons possibles, les auteurs de l'étude évoquent les finances plus faibles des familles nombreuses (mère qui ne travaille pas, charges élevées) , les héritages morcelés. Mais ils parlent aussi de styles éducatifs différents, évoquant un manque de socialisation à l'extérieur de la famille, ainsi qu'un modèle rigide d'éducation, surtout dans les classes populaires.

En fin de rapport, on note cependant d'autres pistes qui me semblent plus fouillées et intéressantes.

  • D'abord, les difficultés de logement des familles nombreuses modestes les poussent dans des régions et zones défavorisées. Or, ces zones proposent des équipements socio-éducatifs plus faibles !
  • Ensuite, on peut évoquer un aspect plus "culturel" dû au choix de la famille nombreuse par les parents : "La pression éducative sur les enfants pousserait ceux des familles réduites dans le sens de la compétition et de la réussite [...] [Cette idée] conduit à distinguer des rapports diversifiés au temps et au monde, entre une forme qui, projetant moins dans l’avenir, laisse venir les évènements (et les enfants) et une attitude plus active et anticipatrice, qui vise à la maîtrise de l’avenir dans tous les aspects de l’existence.". Plus clairement, choisir d'avoir une famille nombreuse aujourd'hui est peut-être le signe de valeurs familiales moins tournées vers la réussite matérielle.

Ils notent par ailleurs que ces résultats ne sont pas nouveaux, et que les mêmes constats étaient déjà faits en 1980, et précédemment en 1950 pour les ouvriers !

Il faut quand même bien noter que ces différences entre familles nombreuses ou non sont bien moins significatives que les différences liées à l'origine sociale ou au diplôme des parents. Ce n'est pas LE critère numéro 1 de destinée sociale  : "Être cadre ou profession intermédiaire est avant tout favorisé par le fait d’avoir un père cadre ou profession intermédiaire, et par le fait d’avoir des parents très diplômés". Famille nombreuse ou pas.